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La créatrice à la parole

Une interview d’Inne Goris

Pourquoi avez-vous voulu créer LA MAISON ?

Le point de départ de LA MAISON est un récit très personnel. J ‘ai grandi avec une mère souffrant de lourdes dépressions. En tant qu’enfant, je pensais que c’était tout à fait normal. C’était ma maison, ma maman, c’était comme ça. Ce n’est que plus tard, en grandissant, qu’on se met à se poser des questions.

LA MAISON n’est pas un spectacle de théâtre classique, mais une installation pour laquelle une « vraie » maison est placée sur scène.

Un casque sur la tête, on entre dans une maison installée sur le plateau et on écoute l’histoire de deux personnes, chuchotée au creux de l’oreille. Les adultes entendent l’histoire de l’enfant, les enfants celle de la mère. Le texte ne mentionne jamais le mot ‘dépression’, mais au travers des deux histoires on comprend que les choses ne tournent pas rond ici.

Pensez-vous qu’il soit important de parler d’un tel sujet aux enfants ?

Le mot ‘dépression’ est très récent. Autrefois, on parlait de mélancolie, ce qui avait plutôt une connotation favorable.

Aristote affirmait que toute personne dotée d’un certain génie était aussi mélancolique et que la mélancolie était une excellente caractéristique humaine. Aujourd’hui nous le voyons autrement. C’est même devenu un tabou, quelque chose dont on a honte. Dans LA MAISON nous voulons faire en sorte, d’une manière subtile et personnelle, qu’il redevienne possible d’aborder ce sujet, sans pour autant éluder son poids.

Comment faut-il se représenter cette maison sur le plateau?

Nous avons fait construire quatre grands volumes qui forment ensemble une maison comme le dessinerait un enfant. Chaque volume est une pièce. En compagnie des scénographes Stef Stessels et Koen Broos, nous avons décidé à quoi ressemblerait chaque pièce. Chacune d’elles est différente.

Enfant, avez-vous vu un spectacle qui vous a particulièrement touchée?

J’ai beaucoup de souvenirs composés de bribes éparses, d’images de mon enfance. Par exemple : Jan Decleir qui, juché sur un tas de fumier, racontait l’histoire de l’Enfant Jésus au Festival Mallemunt. Et je me souviens aussi de la chanson du spectacle « Vreemd kind in je straat » d’Eva Bal, ou encore d’un volant de badminton rouge dans un spectacle de Radeis. Et puis de la chorégraphie excitante du « Boléro » de Béjart. Il paraît que j’étais bouche bée en la regardant.